Icône emblématique des années 2010, la ballerine est revenue sur le devant de la scène mode depuis plusieurs saisons, sous l’impulsion de la tendance balletcore qui célèbre l’esthétique légère et gracieuse de la danse classique. Déjà largement plébiscitée l’an passé, la ballerine s’impose cette année encore comme l’une des pièces les plus branchées de l’été.
Défilé Chloé, printemps-été 2025 ©Vogue Runway
Défilé Simone Rocha, printemps-été 2025 ©Vogue Runway
Défilé Acne Studios, printemps-été 2025 ©Vogue Runway
Si certains la déteste, la nouvelle génération l’adule et n’hésite pas à la détourner. Les ballerines s’émancipent pour devenir des chaussures résolument modernes : qu’elles soient ornées de strass, de multiples brides, parées de rubans, en cannage, en satin ou en résille, les ballerines se déclinent dans une multitude de formes et de couleurs. L’engouement est tel que selon un récent rapport de Stylight Insights, les recherches liées aux ballerines ont enregistrées une hausse de +168 % en une année. Un engouement relancé notamment par la maison Miu Miu qui, lors de sa collection automne-hiver 2022, dévoilait un modèle directement inspiré des chaussons de danse qui a immédiatement séduit les fashionistas du monde entier.
Miu Miu – ballerine en satin
SYSTEM1990 – mesh flats
Disponible à la location
Alaïa – ballerines en résille
Mais derrière cette tendance se cache une histoire riche et captivante, intimement liée à l’héritage du ballet. Dès ses débuts, la danse classique s’exécutait en talons. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que la danseuse française Marie Camargo osa troquer ses talons pour des chaussures plates, libérant ainsi le mouvement et autorisant une plus grande virtuosité technique. Ce chausson fut alors rapidement adopté par d’autres danseuses classiques.
À l’aube du XXe siècle, la créatrice américaine Claire McCardell, pionnière d’une mode fonctionnelle et décontractée, tombe sous le charme de ces chaussons de danse pour leur simplicité et leur confort. Visionnaire, elle perçoit leur potentiel bien au-delà de la danse classique et sollicite alors Salvatore Capezio – un artisan réputé dont l’atelier fait face au Metropolitan Opera House de New York – afin de créer une version adaptée à la vie quotidienne. Ensemble, ils signeront les prémices d’un tournant stylistique audacieux.
C’est à Paris que la ballerine gagne toutes ses lettres de noblesse et entre définitivement dans le monde de la mode. En 1947, Rose Repetto conçoit un chausson révolutionnaire pour son fils le danseur étoile Roland Petit et fonde son atelier au 22, rue de la Paix. Lorsque Brigitte Bardot apparaît chaussée de ballerines signées Repetto dans le film Et Dieu créa la femme (Roger Vadim, 1956), le succès est immédiat !
Brigitte Bardot en ballerine Repetto Paris ©Repetto